Retard français en santé mentale

Une étude de l’IRDES apporte de nouveaux éléments sur les
situations comparées de la France et de ses trois grands voisins européens.
Alors que la santé mentale des français est moins bonne que celles de leurs
voisins
comme le montre le tableau suivant, ni les sommes qui y sont consacrées
ni surtout les modalités de la politique psychiatrique ne semblent à la hauteur
des enjeux. Au regard de ses voisins européens, la situation française présente
un certain retard en matière d’intégration de la psychiatrie à l’hôpital
général
, mais aussi et surtout en matière de développement des structures
d’hébergement et services d’accompagnement de la personne souffrant de troubles
psychiques dans sa vie quotidienne
. La prise en charge de la maladie mentale en
France a longtemps été gérée essentiellement par le secteur de psychiatrie,
avec une vision souvent « totalisante » de ses missions. L’articulation avec le
secteur social et l’approche globale de la prise en charge avec les autres
acteurs du champ sanitaire et social (médecine de ville, établissements de
santé privés, services d’accompagnement social et médico-social) y restent
insuffisamment développées. L’implication des usagers et de leurs proches dans
le projet thérapeutique, à travers notamment les concepts de rétablissement et
d’empowerment ou de responsabilisation, comme dans l’exemple anglais, demeure
embryonnaire en France. Pensée en termes sanitaires, la prise en charge
française de la santé mentale ne tient pas assez compte des différentes dimensions
de la vie quotidienne (hébergement, accès à l’emploi, à la formation,
notamment) alors qu’elles participent fortement à la qualité de vie et au maintien
ou à l’intégration sociale des personnes confrontées à un trouble psychique.

Allemagne Angleterre France Italie
Population en 2010 81 757 000 61 792 000 62 787 000 60 483 000
Taux standardisé par suicide 10,0 6,5 15,2 5,4
de
mortalité pour 
100000 habitants
liée à la consommation d’alcool 51,4 49,7 66,0 40,1
Pourcentage
du PIB réservé à la santé
11,6% 9,6% 11,9% 9,5%
Pourcentage des dépenses de santé 
affectées à la santé mentale
52,8 47,2 52,8 47,2
11% 14% 11% 5%