Hypothyroïdie

Sommaire

Hypothyroïdie : Définition

 

L’hypothyroïdie est une maladie de la glande thyroïde qui désigne la baisse ou l’arrêt de la sécrétion d’hormones thyroïdiennes (T3 et T4). Située à la base du cou, sous la pomme d’Adam, la glande thyroïde peut grossir de façon importante dans l’hypothyroïdie de carence en iode ; on parle de goitre thyroïdien. Parfois il ne s’agit que de nodules au sein de la glande.

La carence en hormones thyroïdiennes retentit sévèrement sur tout l’organisme, la grossesse et le foetus.

 

Hypothyroïdie : Risques et conséquences 

 

En France, 3,3 % des femmes et 1,9 % des hommes souffrent d’hypothyroïdie (HAS, avril 2007) : particulièrement les plus de 60 ans, les personnes ayant des antécédents thyroïdiens ou ayant pris des traitements à risque hypothyroïdie, tels que l’amiodarone, le lithium, l’interféron.

 

L’hypothyroïdie non traitée évolue vers une forme grave appelée myxœdème, où les symptômes
s’aggravent avec ralentissement intellectuel profond puis perte de
connaissance, éventuellement coma. D’une manière générale, même sans
myxoedème, elle favorise les maladies cardio-vasculaires et les troubles lipidiques sanguins dans le sens d’un excès, qui s’ajoute au risque cardiovasculaire.

 

La grossesse favorise l’hypothyroïdie du fait des besoins spécifiques du fœtus et des hormones de la gestation sur les cellules. Une femme en hypothyroïdie dite « fruste » (invisible) avant sa grossesse peut donc s’aggraver, ce qui nuit au développement fœtal et au déroulement de la gestation. En France, l’hypothyroïdie fruste toucherait 2% des femmes enceintes, et l’hypothyroïdie avérée, 0,5% (Leenhardt et Dommergues, 11è journées d’endocrinologie, métabolisme et nutrition, Paris, décembre 2010).

 

Chez le fœtus, l’hypothyroïdie congénitale
non traitée conduit à des retards de croissance physique et
intellectuel graves, irréversibles en l’absence de traitement. Elle est
donc dépistée à la naissance par une goutte de sang prise au talon de
l’enfant. En 2010, sur 853 345 nouveau-nés dépistés par l’AFDPHE, 298
enfants souffraient d’une hypothyroïdie congénitale (communiqué AFDPHE, 15 décembre 2011).
 

Hypothyroïdie : Causes et origines

 

Divers facteurs peuvent bloquer la production d’hormones T3 et T4 par la thyroïde.
Ce peut être un blocage de la stimulation de la glande par la TSH.

 

Cette hormone est secrétée par l’hypophyse sur ordre de l’hypothalamus, tous deux situés à la base du cerveau. Quand le taux d’hormone thyroïdiennes circulant dans le sang s’abaisse, l’hypothalamus stimule l’hypophyse qui secrète de la TSH pour réveiller la thyroïde. Une hypothyroïdie se détecte donc en mesurant le taux sanguin de TSH.

 

L’hypothyroïdie peut faire suite à une hyperthyroïdie qui a épuisé la glande et/ou une maladie de l’immunité qui s’attaque aux cellules productrices d’hormones thyroïdiennes (maladie auto-immune).

 

Le blocage hormonal peut être dû à des médicaments ; ce qui est souvent le cas aujourd’hui.
Avant les temps modernes, l’hypothyroïdie
était essentiellement due à la carence en iode des populations vivant
loin des sources maritimes de nourritures et isolées des circuits
marchands (goitre des montagnes).

 

Enfin, il existe des causes génétiques, à transmission familiale. Et désormais les accidents nucléaires de tout type, avec dispersion d’iode radioactif, sont des causes d’hypothyroïdie dont il faut tenir compte (outre le risque de cancer).
 

Hypothyroïdie : Symptômes

 

Les symptômes témoignant d’un ralentissement du fonctionnement cellulaire de tout l’organisme, en particulier du cerveau
et du coeur : fatigue, manque d’énergie, frilosité, gain de poids,
rythme cardiaque ralenti, crampes et raideurs musculaires, difficultés à
se concentrer, sécheresse de la peau, constipation, visage enflé (œdème du visage).

Un goitre (grosse thyroïde, gros cou à l’avant) est un symptômes important mais qui n’est pas toujours remarqué chez les personnes en surpoids ou obèse.

Sur le plan biologique, un taux élevé de cholestérol associé à un ou des symptômes évocateurs ci-dessus doit inciter à consulter.

Malgré tout, il est fréquent de ne repérer aucun symptôme, l’hypothyroïdie est dite fruste, et se suspecte essentiellement à l’interrogatoire lorsqu’il existe des antécédents personnels et familiaux de maladies thyroïdiennes. Une forme fruste peut évoluer vers une forme avérée d’hypothyroïdie, dont la guérison est plus difficile du fait des atteintes aux organes qui peuvent ne plus être réversibles.

 

Chez le nouveau-né, l’hypothyroïdie se manifeste par un ralentissement de la croissance et du développement intellectuel, une hypotonie, une grosse langue, un visage anormal, une voix rauque, des marbrures et une constipation.

Avec quoi ne faut-il pas confondre l’hypothyroïdie ?

 

L’hypothyroïdie est souvent confondue avec une dépression à cause du manque d’énergie, de la fatigue, des difficultés à se concentrer.

Chez les sujets âgés, le manque d’entrain ou la fatigue sont mis à tort sur le compte de l’âge ou d’une démence en installation.

Chez
le nouveau-né (lorsqu’il est passé au travers du dépistage
systématique) le fait qu’il soit trop sage et dorme beaucoup doit
inquiéter les parents, même s’ils sont contents de cette situation.

 

Y a-t-il une prévention possible ?

 

L’hypothyroïdie par carence en iode du fait de la malnutrition (goitre
des populations isolées) est devenue rare en Europe. Car les pays
développés ont enrichi leur sel de table en iode entre les deux guerres.

A
contrario, l’excès d’iode peut épuiser la glande, comme au Japon où la
consommation de produits de la mer est élevée. De fait, la consommation
iodée japonaise est proche de 800 μg/jour, dix fois plus élevée que la
consommation française,  proche de 80 μg/jour (Société française
d’endocrinologie, Lettre de la thyroïde, décembre 2011). Cela représente
une protection contre une captation excessive d’iode radioactif, comme
lors de l’accident nucléaire de Fukushima (2011). En comparaison les
populations proches de Tchernobyl (1986) ne consommaient que 50 µg/jour
d’iode.

La prévention passe donc par des apports alimentaires
suffisants mais pas excessifs en iode. Et la surveillance correcte des
médicaments source d’hypothyroïdie.

A quel moment consulter ?

 

 

Au moindre doute, parfois à titre systématique dans les familles avec des maladies de la thyroïde.
Des traitements efficaces existent et permettent chez les femmes
souhaitant un enfant de planifier une grossesse dans les meilleures
conditions.
En prenant de l’âge, un bilan thyroïdien n’est pas un luxe, au moins une fois.

Une hypothyroïdie négligée laissant des séquelles difficiles à apprécier avant le traitement, il ne faut pas tarder à poser la question.

 

Comment préparer la consultation avec le médecin ?

 

Il faut décrire le plus précisément possible les symptômes ressentis, leur date d’apparition et les antécédents familiaux.

 

Que fait le médecin ?

 

Il évalue la pertinence du diagnostic d’hypothyroïdie, propose un bilan biologique, et traque les médicaments connus pour provoquer des hypothyroïdies lors d’une prescription au long cours (pour une maladie chronique) : amiodarone, lithium et interféron en premier lieu.

 

Le bilan thyroïdien comporte le dosage sanguin de la TSH ultra-sensible et de la T4 libre.
Le
médecin peut demander aussi un dosage d’anticorps anti-thyroïdien à la
recherche d’une maladie auto-immune. L’échographie thyroïdienne complète
toujours le bilan. Elle doit être faite par un spécialiste entraîné.

La scintigraphie est du ressort du spécialiste.
Une mesure de l’iode dans les urines (iodurie) dépiste une carence en iode.

 

Le traitement dépend de la cause de l’hypothyroïdie.
Une supplémentation en iode lors des carences (associé ou pas à du
sélénium chez les femmes enceintes) ne suffit pas. On vérifie la
remontée de la TSH et si nécessaire on prescrit une hormone de substitution (thyroxine).

Le traitement est fréquemment de longue durée, voire à vie.
Certains goitres imposent une chirurgie totale de la glande avec un traitement substitutif à vie.