Sophia : la statistique est l’art du mensonge

Nous avions fait état précédemment de l’extension à l’ensemble des diabétiques du programme d’accompagnement personnalisé Sophia considéré par le DG de l’assurance maladie comme un succès malgré les réticences de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS)  très réservée sur les mérites d’un programme onéreux et peu efficace. On apprend maintenant d’un médecin qui a participé au conseil scientifique de ce programme que l’évaluation de ses mérites a été biaisée. En effet, contrairement aux exigences minimales d’une démarche scientifique, les données utilisées sont restées confidentielles et les calculs sont donc invérifiables. Pire, s’il est possible, la comparaison a porté sur des échantillons incomparables et le différentiel entre bénéficiaires du programme et non-bénéficiaires a été grossièrement surestimé : la différence de comportement est pour l’essentiel du à un effet de sélection! Enfin, les estimations de coûts sont grossièrement manipulées. Que l’excellent Frédéric Van Rockeghem soit plus attentif au faire-savoir qu’au savoir-faire, c’est une maladie si répandue qu’on ne lui en tient pas rigueur. Mais qu’un « serviteur » public se livre à ce genre de malhonnêteté fait frémir lorsqu’il s’agit de notre santé et de la moitié de nos impôts. Que ne serait-il pas disposé à commettre pour des enjeux autrement plus importants?