Définition des troubles bipolaires

Sommaire

Définition des troubles bipolaires

 

Autrefois
appelée psychose maniaco-dépressive, les troubles bipolaires dans leur
nouvelle acception étendue font partie des troubles de l’humeur. Leurs formes les plus typiques se caractérisent par l’alternance de phases d’excitation (phases maniaques) et de phases de dépression. Avec ou sans signes psychotiques.

En phase maniaque, le sujet présente une hyperactivité,
une euphorie, des troubles du sommeil (insomnie marquée), un sentiment
de toute-puissance, une mégalomanie. Il dépense beaucoup d’argent,
échafaude des projets souvent irréalistes, est irritable, passe du coq à
l’âne, est parfois hyperactif sexuellement (donjuanisme).

En phase dépressive, à l’inverse, il présente des symptômes
de troubles de la mémoire, se replie sur lui-même, s’autodéprécie,
ressent une profonde culpabilité, une grande fatigue et l’envie de ne
rien faire. Le tableau dépressif peut être très marqué, toujours avec un
risque suicidaire élevé.

 

Symptômes et risques des troubles bipolaires

 

Les
troubles bipolaires touchent 1% de la population générale (Guide
médecin HAS, 2009), un chiffre sous-estimé en raison du retard du
diagnostic, souvent d’une dizaine d’années.De nombreuses dépressions
sont en fait des phases dépressives de troubles bipolaires non
diagnostiquées. Les risques courus par les patients sont de plusieurs
ordres.

Les comportements agités excessifs
dans la phase maniaque peuvent conduire à des actes délictueux, des
dépenses inconsidérées, une désinhibition sociale menant à des
confrontations avec la justice. Par exemple : des découverts bancaires,
des attentats à la pudeur, des projets professionnels qui conduisent à
une faillite…

Les phases dépressives peuvent être sévères
avec un passage à l’acte suicidaire. En phase excitée (maniaque) les
suicides réussis concernent 15% des patients (Guide médecin HAS, 2009).
Ce qui ne préjuge pas des tentatives infructueuses !
Le sujet prend
des risques pour sa santé en abusant des toxiques comme l’alcool, le
tabac, la drogue. La mise en danger est manifeste lors de la conduite
automobile ou de machines industrielles, le risque d’accident est élevé.

La rechute d’un trouble bipolaire est la règle : 90% referont d’autres épisodes à l’avenir (Guide médecin HAS, 2009). C’est donc une maladie chronique, prise en charge à 100% dans le cadre de l’affection de longue durée « affections psychiatriques de longue durée », ALD n°23.

 

Causes et mécanismes des troubles bipolaires

 

Il n’existe pas un mécanisme mais plusieurs explications :

 

Problème neurobiologique

Au niveau neurobiologique (les processus chimiques dans le cerveau), une transmission défectueuse d’informations entre neurones (cellules du cerveau) est connue : en particulier avec la sérotonine mais aussi la noradrénaline qui sont des neurotransmetteurs très importants dans l’équilibre de l’humeur.

Hérédité familiale

Des
études dans les familles et avec les jumeaux ont montré un terrain
familial favorable aux troubles bipolaires, mais pas de vraie maladie héréditaire.

 

Stress

L’accumulation
de stress et d’évènements de vie douloureux facilitent l’expression des
troubles bipolaires chez une personne prédisposée. La « vulnérabilité
» est le terme employé par les médecins et les neuropsychiatres pour
qualifier la situation d’une personne ayant une prédisposition familiale
génétique ; elle n’est pas synonyme de maladie, il s’agit d’un risque augmenté.

Troubles bipolaires
Prévention

Manifestation des troubles bipolaires

 

Les troubles bipolaires se manifestent par l’alternance de phases d’excitation
dites maniaque ou hypomaniaque (plus modérée) et de phases dépressives
qui se succèdent plus ou moins rapidement. On parle de cycle rapide ou
moins rapide.
L’euphorie et la désinhibition de la phase maniaque
conduisent le sujet à prendre des risques avec une vie sexuelle
désordonnée, des dépenses inconsidérées, une vitesse excessive au
volant… L’agitation est marquée et le sujet ne tient pas en place.
Fait remarquable, elle est stérile, car désordonnée et improductive. Les
performances sont médiocres pour l’énergie dépensée.

Il est souvent difficile de faire la part de la manie vraie dans l’hyperactivité
que déploient des personnes pleines d’énergie et d’enthousiasme, que
valorise la société en général. Les phases d’excitation modérées
(hypomanes) sont souvent interprétées comme du haut rendement, du
bien-être et de la performance jusqu’au moment où l’agitation passe les
bornes du tolérable, souvent à l’occasion de signes psychotiques associés : délires et hallucinations.

Les phases dépressives sont beaucoup mieux repérées mais rarement bien étiquetées. La tristesse
domine avec une perte de l’élan vital, une perte d’intérêt et de
plaisir pour les activités habituelles, une auto-accusation et une
mauvaise image de soi. Le patient est alors traité comme un dépressif
récurrent, alors qu’il s’agit d’un trouble bipolaire, avec présence d’au
moins un épisode d’exaltation pour plusieurs épisodes dépressifs
(troubles bipolaires de type II). Lorsque les épisodes maniaques
dominent on parle de type I.
Entre les deux, la personne peut avoir
un comportement normal. Mais chez les personnes en évolution de la
maladie les phases alternent sans vraie période normale quand on y
regarde de plus près.

 

Prévention des troubles bipolaires

 

Eviter
d’accumuler les problèmes et les évènements de vie trop stressants peut
réduire le risque d’éclosion ou de manifestation des troubles
bipolaires quand on est vulnérable. C’est-à-dire quand il existe une
histoire familiale de troubles mentaux, légers ou prononcés.
L’hygiène de vie
est nécessaire, voire indispensable aux personnes prédisposées du fait
de leurs antécédents familiaux : pas d’alcoolisation, aucun stupéfiant,
du sommeil en suffisance et des horaires les plus réguliers possibles.
Une alimentation saine et équilibrée, un exercice physique régulier sont
aussi très souhaitables.
Une fois la maladie déclarée, cette hygiène
bien conduite permet de réduire le nombre et l’intensité des épisodes
maniaques et dépressifs.

 

Avec quoi ne faut-il pas confondre ?

 

La prise régulière de stupéfiants est à la première chose à évoquer ; elle peut égarer le médecin vers un trouble bipolaire avec qu’il s’agit d’une intoxication chronique,
qui cède avec l’arrêt des toxiques, si la destruction neuronale n’est
pas profonde. La prise de toxiques peut aussi être un témoin de la maladie, qui survient à cause d’elle.
Les AVC, les tumeurs cérébrales, une sclérose en plaques… peuvent mimer un trouble bipolaire. Les hyperthyroïdies aussi.

Troubles bipolaires
Préparer sa consultation

A quel moment consulter ?

 

Au moindre doute ! Pour éviter les crises et les drames personnels et familiaux qui font de nombreuses victimes.
Les troubles bipolaires sont sous-diagnostiqués ; il faut en moyenne 5 à 10 ans avant que le diagnostic soit posé.

Toute
rupture du comportement habituel doit faire consulter en milieu
spécialisé, après orientation par le médecin traitant, pour éliminer ou
confirmer le diagnostic, souvent au bout de plusieurs consultations.

 

Comment préparer la consultation avec le médecin ?

 

Il faut décrire le plus précisément possible les manifestations des troubles de l’humeur et leur évolution dans le temps (calendrier, journal personnel).
La
biographie avec les différents évènements stressants qui l’ont émaillée
doit être rapportée de manière précise avec des faits : montants des
dépenses par exemple pour apprécier le caractère délirant ou excessif.

 

Que fait le médecin ?

 

Le diagnostic de troubles bipolaires n’est pas facile. On peut le poser par excès devant une simple instabilité de l’humeur
(dite cyclothymique). C’est l’ampleur et la persistance de l’alternance
des phases maniaques et dépressives, et surtout les crises délirantes
qui évoquent un trouble bipolaire. L’état d’excitation fait parfois
penser à une schizophrénie alors que la phase dépressive évoque une dépression grave où le risque de suicide est majeur (comme dans la mélancolie).

 

Le
médecin cherche à fonder le diagnostic avec l’interrogatoire soigneux,
souvent avec des questionnaires sur l’état psychologique. Il évalue la
situation personnelle et celle de la famille et, aussi précisément que
possible, le risque suicidaire. Il n’hésite pas à hospitaliser le
patient, si besoin en mesure contraignante urgente (placement d’office).

Il
élimine d’autres pathologies en cours pouvant expliquer le
comportement. Il propose si nécessaire un bilan biologique pour dépister
une hyperthyroïdie méconnue, et pouvant faire suite à un stress intense
et/ou prolongé.
Il recherche surtout des complications comme
l’alcoolisme, la prise de drogues, la boulimie, le surpoids, les
maladies cardiovasculaires.

 

La consultation d’un
psychiatre est nécessaire pour affirmer le diagnostic. Une fois le
diagnostic posé, ce spécialiste propose un traitement de longue durée
avec plusieurs médicaments le plus souvent. Le suivi psychologique est
impératif ainsi que l’éducation du patient pour obtenir une bonne
observance thérapeutique, seule garantie de contrôle de la maladie. Il
s’agit abaisser le risque suicidaire, et/ou celui d’une prise de risque
mortelle (conduite automobile, sport à haut risque).

A noter :
en raison de son trouble mental, le patient a naturellement tendance à
réfuter le diagnostic et le traitement. En phase maniaque, il pense
qu’on veut lui nuire ou lui faire du mal (paranoïa). L’entourage et le
médecin doivent se montrer convaincants, voire recourir au « chantage »
de l’amour pour obtenir une bonne observance du traitement et un suivi
psychiatrique correct.

Les troubles bipolaires sont pris en charge à 100% par l’Assurance maladie dans le cadre de l’affection de longue durée (ALD) n°23.

CATEGORIE :  pathologies-et-symptomes

TAG : troubles de l’humeur, phase maniaque, phase dépressive