Les troubles précoces de la maladie d’Alzheimer : définition

Sommaire

Les troubles précoces de la maladie d’Alzheimer : définition

 

Avant
l’apparition évidente d’une démence d’Alzheimer, se produit une lente
détérioration des fonctions cérébrales, en particulier de la mémoire. Le
déficit cognitif léger (mild cognitive impairment en anglais) est le
plus connu des troubles pré-démentiels. Son existence a été remise en
question en particulier par le Pr Bruno Dubois, spécialiste français de
la maladie d’Alzheimer, alors d’un article paru en juillet 2007 (Lancet neurology).

 

Avec
l’International Working Group for New Research Criteria for the
Diagnosis of Alzheimer Disease, le même auteur a réaffirmé en novembre
2010 (Lancet neurology) que le terme de déficit cognitif léger doit
disparaître au profit du diagnostic de « maladie d’Alzheimer débutante ou au stade précoce » selon de nouveaux critères diagnostics. 
 

Risques et enjeux des troubles pré-Alzheimer

 

Le diagnostic de maladie d’Alzheimer
est fait en moyenne après 2,5 à 3 ans d’évolution manifeste et même
plus tard chez les patients de moins de 65 ans, selon l’expertise
collective de l’Inserm (2007). D’où l’importance d’un dépistage des
débuts de la maladie d’Alzheimer pour une prise en charge précoce et bien organisée. Les premiers signes de déclin cognitif apparaissent très en amont de la maladie (pour certains 10 à 12 ans avant), car les lésions du cerveau n’affectent le comportement des malades que lorsque les phénomènes de compensation sont débordés.

 

La maladie d’Alzheimer
touche aujourd’hui 850 000 français et une prévision de 1,2 millions de
personnes en 2020 (Fondation IFRAD pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer,
2011). Près de la moitié des patients sont à un stade de sévérité
modérément sévère à sévère, soit plus de 400 000 personnes (estimation
d’après les données du groupe EURODEM et de l’étude PAQUID, Fondation
IFRAD, Pr Bruno Dubois).

On évalue à près de 20 000 le nombre
de « jeunes » patients souffrant d’une forme à début précoce, dont le
grand risque est d’être abusivement soigné pour une maladie
psychiatrique alors qu’il s’agit d’une maladie neurologique.
 

Causes des troubles pré-Alzheimer

 

Dans
un premier article mondial montrant la précocité de l’atteinte
cérébrale (Amieva et coll. Annals of Neurology, novembre 2010), l’équipe
française du Pr Jean-François Dartigues, atteste que dans la cohorte
des 3 cités les premiers signes de détérioration intellectuelle apparaissent 10 à 12 ans avant le diagnostic patent d’Alzheimer.

 

Pour
le Pr Dartigues, cette détérioration sournoise relève de l’absence de
compensation cérébrale au vieillissement. A y regarder de près, le
vieillissement normal et la démence Alzheimer procèdent des mêmes
mécanismes ; mais dans le second cas, ils sont plus graves et se
répartissent inégalement dans le cerveau.
Comme si l’équilibre métabolique déraillait, sous l’effet conjugué
d’une aggravation réelle et l’absence de la correction habituelle.
 
Les neurones de la région temporale interne du cerveau
appelée l’hippocampe se détériorent en premier. L’hippocampe est le
lieu où s’enregistre durablement la mémoire des événements de la vie
quotidienne personnelle :  on parle de mémoire « épisodique » en
traduisant littéralement l’anglais, mais en français il s’agit de la
mémoire des événements personnels donc autobiographique ; le terme exact
est donc « mémoire autobiographique ».

Ensuite, d’autres neurones sont atteints en tache d’huile, jusqu’à l’effondrement général du cerveau. C’est grâce aux troubles précoces de cette mémoire autobiographique que les médecins et les patients sont alertés.

 

Deux
autres systèmes neuronaux de la mémoire sont affectées rapidement : la
mémoire sémantique (celle des connaissances générales sur le monde et
les idées, les personnes célèbres par exemple) et la mémoire de travail
qui permet de rassembler brièvement des connaissances multiples pour
faire ponctuellement quelque chose de complexe : c’est la mémoire à
court terme pour faire un calcul mental par exemple.
 

Signes et symptômes des troubles de mémoire pré-démentiels

 

Pendant longtemps, jusqu’à 10 ans avant les signes majeurs, la détérioration cérébrale n’apparaît qu’aux tests psycho-neurologiques. Personne ne s’en aperçoit vraiment, à moins de se présenter en consultation Mémoire pour un bilan.

 

Puis
l’entourage peut noter des trous de mémoire particulier, que le patient
aura peut-être remarqués mais niés, de peur d’évoquer l’éventualité
tragique d’une démence en cours d’installation. Des événements très
récents et importants semblent définitivement oubliés par le patient :
la naissance ou le mariage d’un petit – enfant, un deuil proche.

 

En
fait, ils ne sont pas oubliés, ils n’ont jamais été mémorisés. Cela
n’arrive jamais dans la perte de mémoire par vieillissement normal ;
dans ce cas c’est seulement la labilité de l’attention (comme chez les
enfants) qui fait que les petits événements peu chargés d’intérêt ne
sont pas retenus.

Fait caractéristique, dans la maladie d’Alzheimer
débutante, le trouble de la mémoire n’est pas réversible (on ne
retrouve jamais l’événement manquant) et il s’aggrave au fil du temps.
Il s’étend des souvenirs proches aux souvenirs personnels plus anciens.

 

Une
détérioration de la mémoire dite sémantique (celle qui donne le sens
des choses, les concepts) fait que le patient ne peut plus répondre à
une question « simple » comme :« qu’est-ce que le soleil et à quoi çà
sert ? » Ce trouble sémantique s’étend progressivement, parfois en se
stabilisant, mais sans jamais régresser. Un jour le patient ne sait plus
à quoi sert… une fourchette quand on lui pose la question. Cela se
remarque particulièrement lors de jeux comme « Questions pour un
champion ».

Déficit cognitif léger aux troubles pré-Alzheimer – Prévention

Avec quoi ne faut-il pas le confondre ?

 

Avec un trouble de mémoire lié au vieillissement normal : occasionnel et transitoire, très lié à l’attention fournie.
La dépression,
les effets secondaires des médicaments, l’alcoolisme, une dette de
sommeil, un accident vasculaire cérébral (AVC) et diverses maladies sont
d’autres causes possibles à un trouble de mémoire transitoire.
Les
problèmes auditifs et visuels peuvent aggraver les troubles de la
mémoire en rendant difficile la communication avec les autres.

Y a-t-il une prévention possible de troubles de mémoire pré-Alzheimer ?

 

Tout ce qui préserve le cerveau
durant la vie est souhaitable pour une meilleure vieillesse. Hygiène du
sommeil, de l’alimentation (diversifiée, sans toxique), maintien de
l’activité cérébrale (mots croisés, jeux de société, apprentissages
divers, culture générale).
On freine aussi le déclin cérébral d’abord
avec une vie active (l’exercice physique régulier quotidien a prouvé
son effet protecteur contre l’atrophie cérébrale et hippocampique) ; et
de multiples stimulations, en maintenant les échanges avec le monde et
l’entourage affectif.

On peut tenir un journal de bord de sa vie
quotidienne pour aider à se repérer dans le temps. C’est là
qu’apparaîtront le plus vite les trous de mémoire pour le médecin et
l’entourage.

On peut aussi opter pour des stratégies de
compensation des oublis, comme placer toujours les objets importants
telles les clefs aux mêmes endroits.

Déficit cognitif léger pré-Alzheimer
Préparer sa consultation

A quel moment consulter ?

 

Il
faut consulter son médecin traitant au moindre doute, particulièrement
quand on est inquiet. L’inquiétude majore les troubles puisque la
mémoire dépend beaucoup de l’humeur, surtout en vieillissant.
La peur
du diagnostic n’évite pas la maladie. L’entrée dans une démence est une
épreuve qui demande du temps pour être acceptée et prise en charge, il
vaut mieux ne pas attendre une situation de crise pour réagir sagement
et calmement.
Des consultations Mémoire sont ouvertes partout en
France, ainsi que des Centres Mémoire de recherche et de ressources
(CMRR) qui prennent en charge tous les aspects de la maladie au long de
son évolution. On peut s’adresser directement à eux pour aller plus vite
au diagnostic, quand l’inquiétude ou des décisions importantes pour
l’avenir sont à prendre.

 

Comment préparer la consultation avec le médecin ?

 

Décrire
le plus précisément possible les troubles de la mémoire, date et
circonstances d’apparition, les maladies en cours et leurs traitements.
Avec l’aide d’un proche pour confirmer ou pas ses « impressions ». Si
des difficultés à gérer le quotidien existent, il faut en parler
franchement au médecin.

 

Que fait le médecin ?

 

Il pose des questions pour établir ou écarter le diagnostic de maladie d’Alzheimer. Il examine, propose un bilan biologique pour évaluer l’état général et rechercher un manque de vitamines indispensables aux neurones (B9 et B12) et un trouble thyroïdien. Il vérifie l’impact des médicaments en cours sur la mémoire et le cerveau. Surtout il fait des tests courts pour explorer la mémoire.

Si le diagnostic de maladie d’Alzheimer
débutante est probable, le médecin prescrit une IRM cérébrale pour
évaluer l’atrophie des hippocampes (zones chargées de la mémoire) et
éliminer une autre cause aux signes démentiels.

De plus en plus, on recherche les marqueurs de la maladie d’Alzheimer
dans le liquide céphalo-rachidien par ponction lombaire, pour renforcer
le diagnostic de probabilité. Mais cet examen est généralement fait par
un neurologue spécialiste dans un Centre Mémoire de ressources et de
recherche (CMRR) où le médecin adresse son patient.
Des consultations
Mémoire accueillent aussi les patients ayant des plaintes mnésiques, ce
sont des structure de diagnostic plus légères et plus nombreuses.

La prise en charge à 100% des patients diagnostiqués « démence débutante » relève de l’Affection de longue durée (ALD) n°15 « maladie d’Alzheimer et maladies apparentées.

CATEGORIE : pathologies-et-symptomes

TAG : alzheimer, maladie, troubles