Quels sont les enjeux sanitaires en matière de nutrition et cancer ?

L’incidence des cancers
(tous types confondus) augmente depuis près de 25 ans. Le
vieillissement de la population, un meilleur dépistage et diagnostic
n’expliquent pas tout ; l’exposition à des facteurs de risque, notamment
nutritionnels, entre aussi en jeu. Un tiers des cancers les plus fréquents dans les pays développés pourrait être évité si l’on mettait en œuvre les recommandations suivantes :


Avoir une alimentation diversifiée et équilibrée : c’est-à-dire peu
d’aliments à forte densité calorique, au moins cinq portions (400 g
minimum) de légumes non féculents et de fruits variés par jour, des
céréales peu transformées (graines) et/ou des légumes secs à chaque
repas ;
– Limiter la consommation de boissons alcoolisées ;
– Réduire le surpoids ;
– Pratiquer une activité physique (type marche énergique) au moins trente minutes quotidiennes.

 

Quels sont les facteurs nutritionnels protecteurs connus vis-à-vis des cancers ?

 

 

1-
L’effet protecteur des fibres (contenues dans les aliments céréaliers
peu transformés et les légumes secs) est considéré à ce jour comme
probable vis-à-vis du cancer colorectal.

 

2- Les légumes non féculents réduiraient le risque de cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS : bouche-pharynxlarynx-œsophage) ainsi que de l’estomac.

 

3- Les fruits auraient aussi un effet protecteur vis-à-vis des cancers des VADS et du cancer pulmonaire.
L’apport
de vitamines et caroténoïdes (substances antioxydantes) par la
consommation d’aliments qui en contiennent (fruits, légumes) semble
favorable, notamment dans la prévention de divers cancers.
En revanche leur apport en compléments ou suppléments au long cours, surtout à des doses fortes, semble augmenter le risque de cancer chez des sujets à risque ou exposés à des facteurs de risque de cancers.
Il
faut noter que le niveau de preuve (niveau de certitude) de l’impact
protecteur des fruits-légumes s’est amenuisé avec les années et la
progression des connaissances. Néanmoins, ces aliments contribuent à
réduire le surpoids et l’obésité qui sont des facteurs de risque de cancers. La recommandation demeure donc : « Consommer 5 fruits et légumes variés par jours pour atteindre au minimum 400 g/j ».

 

4-
Les études parues à ce jour sont insuffisantes pour conclure à une
éventuelle relation de causalité entre le statut en vitamine D et le
risque de cancer du sein. Les recherches se poursuivent sur une potentielle relation entre certains acides gras dits polyinsaturés et le cancer du sein, ainsi que plus généralement sur un lien entre lipides et cancers.

 

Quels sont les facteurs nutritionnels de risque de cancer ?

 

1. L’alcool est le premier facteur de risque nutritionnel de cancer


Bien
que la consommation d’alcool diminue depuis quarante ans, la France
reste l’un des champions au monde : 12,7 litres d’alcool pur par
habitant de plus de 15 ans. Or, les boissons alcoolisées (sans
distinction) sont la deuxième cause de mort évitable par cancer après le tabac.

10,8% des cancers
chez l’homme et à 4,5% chez la femme (chiffres français pour l’année
2000, publiés en 2007) sont imputables à la consommation d’alcool. De
plus, le risque de cancer
augmente avec la dose d’éthanol bue ; même une consommation dite
modérée (inférieure à 3 verres/jour chez l’homme et à 2 verres/jour chez
la femme) augmente le risque de plusieurs cancers.
Aujourd’hui, un consensus international juge convaincante la relation entre alcool et cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS – bouche, pharynx larynx, oesipo), colorectal (chez l’homme), du sein (chez la femme). Elle est jugée probable pour le cancer du foie et du côlon-rectum chez la femme.

Par exemple, le risque de cancer
de la cavité buccale est multiplié par six en cas de forte 
consommation par rapport à l’abstinence. Tout en sachant que la
combinaison alcool-tabac majore encore les risques de cancer. Par rapport aux non-buveurs, le risque de cancer
colorectal est augmenté d’environ 9% pour les consommateurs de 10g
d’alcool/jour (1 verre/jour) et de 27% pour les consommateurs de 30 g
d’alcool/jour (trois verres/jour). Quant au risque de cancer du sein chez la femme, il croît de 10% dès lors que la consommation moyenne d’alcool quotidienne augmente de 10 g (1 verre).

 

2. Les viandes rouges et les charcuteries augmentent le risque de cancer colorectal

Le risque de cancer
du côlon-rectum est augmenté de 29% par portion de 100 g de viandes
rouges consommées par jour, et de 21% par portion de 50 g de
charcuteries consommées par jour.
D’où les recommandations
officielles de se limiter à moins de 500 g de viandes rouges
hebdomadaires. Pour compléter les apports en protéines, il est conseillé
d’alterner avec des viandes blanches, du poisson, des œufs et des
légumineuses.

 

3. Le sel et les aliments salés augmenteraient le risque de cancer de l’estomac.

 

Quel est l’impact des compléments alimentaires sur le développement tumoral ?

 

Les
compléments alimentaires ne sont en règle générale pas recommandés en
prévention cancéreuse, à l’instar des compléments alimentaires à base de
bêta-carotène sauf cas particuliers de déficiences et sous le contrôle
d’un médecin.
Au contraire, selon certaines études : la supplémentation en bêta-carotène à forte dose augmenterait le risque du cancer
du poumon chez les individus préalablement exposés à des facteurs de
risque (tabac ou amiante), du fait de la préexistence de lésions
précancéreuses.

L’hypothèse avancée par certains experts est
que la supplémentation vitaminique nourrirait les cellules cancéreuses
dont le métabolisme est par nature très augmenté.
Pour compenser les
déficiences ou les subcarences en micro et macroéléments, les experts
prônent  plutôt la correction de l’alimentation en une alimentation
équilibrée et diversifiée, sans recourir aux compléments alimentaires.

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